L'entrée du marché marque un changement radical d'ambiance. Passant d'une avenue bondée, sale, maussade, chaude et humide, à une atmosphère plus fraîche et colorée grâce aux énormes tentures recouvrant la double allée, mais également plus enjouée, la bonne humeur règne, entre les rires forts, les annonces des vendeurs et les chants dans des langues auquel elle ne parvenait pas à comprendre un seul mot. Un vent de fraîcheur s'emparait d'elle, un soulagement.
Et puis ce sont les papilles qui s'éveillèrent avec la découverte des odeurs puissantes d'épices, de fleurs et de fruits qu'elle n'aurait jamais pu imaginé, même dans ses rêves les plus fous. Tous attirait son attention, tous semblait succulent, même avec l'estomac encore plein avec le repas de l'auberge, elle avait de nouveau l'eau à la bouche à voir tous ces stands de nourritures. Cela va sans dire, qu'en plus, devoir manger du vieux ragoût pendant les trois mois de la traversée n'ont pas aidés... Le régime des Divi se devait d'être strict, mais la tentation se faisait presque insupportable. Son code lui imposait la rigueur, mais sa curiosité l'attisait. Elle aurait aimé tout goûter si cela avait été possible, mais elle devait aussi se restreindre.
Et bien sûr, les finances ne pourraient suivre bien longtemps, si elle jeter l'argent par les fenêtres. D'un coté, elle n'était pas habitué à gérer de l'argent non plus, ce n'était pas sa tache. On lui demandait uniquement de servir la Haute mère à la perfection, sans faille.
S'approchant d'un stand offrant une bonne variété de fruits multicolores, du rouge au vert en passant par des noirs, oranges ou jaunes. Voyant son regard intrigué, le marchant, à la voix forte et enjouée, s'adressa à Ehol en lui proposant de goûter un petit fruit rouge foncé, pas plus gros que la moitié de la paume de la main. L'ouvrant en deux, il lui offrit les deux moitiés, la peau épaisse laissant découvrir une chair à la forme étrange, comme des petites langues de couleur violet-rosâtre, c'était loin des agrumes et des fruits secs dont elle avait l'habitude. L'odeur, douce, mais prenante aux forts tons sucrées étaient un avant gout de ce fruit qui fondait en bouche. Un délice.
- Je vous en met qu'elle quantité mademoiselle ? Incitait l'homme après qu'Ehol se léchait carrements les doigts.
- Huuuuum, délicieux.... Puis elle marqua un temps de silence. C'est que je n'ai plus vraiment d'argent, j'ai eu un problème avec avec des gens bizarres tout à l'heure. Disait elle en pointant le port.
- Les hommes de la Sirène Rouge ? Ceux du galion pourris qui campe notre baie depuis trop longtemps ?
- Je pense que ce doit être eux, ils avait un pavillon blanc avec une personne à une jambe rouge dessus. Dit elle, tentant de lui décrire leur drapeau.
- Oui une sirène, dit il en rigolant. J'espère qu'il ne vous ait rien arrivé de grave. Ne vous accoquinez pas avec ces hommes là, ils sont dangereux. Ils foutent le bordel partout dans la ville, mais en faisant attention à rester juste dans les limites, enfin, seulement quand il y a des témoins...
- Mais pourquoi les gens tolèrent ce genre de comportement sur cette île ? Le questionnait elle, dans l’incompréhension. Au cœur du désert, ceux qui mettent en danger le groupe sont chassés des communautés.
- L'argent.. Encore et toujours l'argent. Ils paient comptant, ne me demandait pas comment, je ne sais pas moi-même si je voudrais savoir comment ils gagnent tous cet argent, même si j'ai ma petite idée. Dans tous les cas, il faut les éviter à tout prix.
- Merci pour vos conseils et pour le, ... elle pointa la cagette de fruit qu'elle venait de goûter. C'était très bon, mais je n'ai pas les moyen de m'en acheter, il faut que je trouve comment en gagner un peu... La fin de sa phrase se finissant brusquement, comme si quelque chose lui serré la gorge. Il fallait se rendre à l'évidence, elle allait devoir s'occuper d'elle même bien plus que dans son ancienne vie, sans les servantes et les cuisiniers.
- Hum, il posait les mains sur son menton, une mine réflexive sur son visage. Vous pouvez essayer de voir si des gens ont besoin de main d'oeuvre sur le marché, on a toujours besoin de main d'oeuvre. Voyez un peu plus loin, il y a une vieille tailleuse, qui à un petit stand et qui rafistole les vêtements. Elle aurait surement besoin d'aide pour déplacer son matériel. Ou, attendez.. Il se tourna vers la femme qui partageait son stand et lui demanda, Sharie, tu sais si il y toujours le tableau des requêtes en ville.
Se retournant vers lui, une femme à la carrure forte et à la voie tout aussi puissante que la taille de son buste lui répondit
- Hum, oui oui, l'doit être devant l'centre de registre. Peu plus loin, pas loin d'l'entrée de la ville.
Joignant les mains devant elle, Ehol les remercia chaleureusement et reprit sa route.
Elle avait presque fini traverser le marché de part en part, quand elle arriva devant la vendeuse dont parlait le maraîcher. Elle s’arrêta, alla un peu plus loin, revint au stand, hésita et fini par prendre son courage à deux mains.
- Bonjour madame... dit elle à cette petite mamie toute rabougrie, courbée par les années, voire les siècles, pensa-t elle ironiquement. Ses cheveux gris-blancs étaient plus long qu'elle ne l'aurait imaginé, assise, ils touchaient presque le sol. Derrière son stand couvert de tissu et d'outil de couture, assise donc, elle était en train de rafistoler un pantalon abîmé aux genoux.
Je souhaiterai savoir si heu.... Puis la vieille dame, sans même apporter d'attention à ses paroles, lui attrapa le vêtement qui servait à la fois de jupe et de paréo.
- Wouhaaa, le tissage de ce linge est vraiment magnifique... Dit elle en palpant le revers de la tunique de la danseuse, avant de remonter pour inspecter sa brassière puis ses gants.
Enfin, elle se remonta son regard pour la fixer droit dans les yeux. Mais mademoiselle, quel est ce genre de tissu, et ce cuir ?? D'où vient il ?... Enfin, d'où venez vous ? Cela doit faire une éternité que je n'ai pas vu une étoffe si belle. Le tissage est si parfait, les motifs aussi, magnifique. Simple, mais magnifique. Et il à l'air d'être vraiment résistant...
- Hum, ce sont des vêtements qui m'ont été offert lors d'une cérémonie. Dis-je en tentant d'éviter de trop en dire sur mes origines.
- Etes vous de sang royal ? Me regardait elle interloqué. Vos vêtements valent une véritable fortune mademoiselle.
Je lui souris et répondis : - Non, je ne suis pas de sang royal, seulement une Divi, une fille-danseuse de la Majestueuse Pal'aath. Mère de la Rouge Tessalie.
La vieille dame me regardait, intrigué, comme si cela éveillé de très vieux souvenirs, sans pour autant qu'ils ne lui reviennent en tête.
- Ca me parle, mon enfant.. Elle marqua un petit temps de silence avant de reprendre. Mais en quoi puis-je vous servir, Mademoiselle ? Je n'ai pas l'impression que vos vêtements sont abîmés et je ne pense pas que j'ai les connaissances ou encore le doigté pour de manipuler un tel tissu... Conclut elle avant de rajouter en un murmure : Magnifique.
- Et bien, commençait Ehol, son teint rougissant. Elle était généralement sûre d'elle, habituer à foule, mais elle ressentait en ce moment une gène à faire cette requête. Je.. Je viens d'arriver sur l'île et je n'ai pas d'argent, auriez vous du travail pour moi... ? Je peux vous aider à porter des choses lourdes ou n'importe quoi d'autre ! Tentait elle de se justifier.
La vieille dame sentait son désarroi qui émanait de la jeune femme et lui prit la main. Après quelques secondes de réflexion, elle lui répondit.
- Je veux bien t'aider, tu pourra m'aider à ranger mon étal et le ramener chez moi, si tu l'accepte. Ce ne sera pas très bien payer, je gagne a peine plus que ce que j'ai besoin pour vivre.
Avec les yeux qui commençait à devenir rouge, Ehol s'inclina et la remercia.
- Le marché se termine dans, environs, trois ou quatre heures. Si tu peux patienter d'ici là.
La joie commencer à pointer le bout de son nez sur le visage de la Tessalienne, tous les gens n'étaient pas si mauvais dans le coin. Elle lui sourit et la remercia avant de se retourner et de prendre une grande inspiration. Le marché, qu'elle avait occulté, à cause du stress, réapparut autour d'elle comme par magie. Les odeurs, la bonne humeur et les chants. Oui, ces musiques nouvelles faites de chants inconnus et d'instruments étranges, mais tellement entraînant. Cela faisait naître en elle en envie de danser. C'était le moment parfait pour glorifier sa déesse.
Se trouvant un petit coin, légèrement en retrait de l'avenue du marché et toute proche du stand de la vieille dame. La petite Ehol se mise à danser le cœur léger. Elle n'avait pas perdu les faveurs de la Mère, elle la ressentait toujours, même à l'autre bout du monde.
Intrigué par sa danse, des passants s’arrêtaient quelques minutes et l'observaient intensément avant de repartir après lui avoir jeter quelques piécettes.
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